Type de texte | source |
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Titre | Naturalis Historia, liber XXXV |
Auteurs | Pline l\'Ancien (Gaius Plinius Secundus) |
Date de rédaction | 77 |
Date de publication originale | |
Titre traduit | Histoire naturelle. Livre XXXV. La Peinture |
Auteurs de la traduction | Croisille, Jean-Michel |
Date de traduction | 1985 |
Date d'édition moderne ou de réédition | |
Editeur moderne | |
Date de reprint |
(138)
Antiphilus puero ignem conflante laudatur ac pulchra alias domo splendescente ipsiusque pueri ore.
Dans :Antiphilos, L’Enfant au brasero(Lien)
(XXXV, 138)
Antiphile, lui, est renommé pour un jeune garçon soufflant sur un feu, tandis que le reflet éclaire la maison, d’ailleurs fort belle, ainsi que le visage de l’enfant lui-même.
(114)
Parua et Callicles fecit, item Calates comicis tabellis, utraque Antiphilus. Namque et Hesionam nobilem pinxit et Alexandrum ac Philippum cum Minerua, qui sunt in schola in Octauiae porticibus, et in Philippi Liberum patrem, Alexandrum puerum, Hippolytum tauro emisso expauescentem, in Pompeia uero Cadmum et Europen. Idem iocosis nomine Gryllum deridiculi habitus pinxit, unde id genus pictura grylli uocantur. Ipse in Aegypto natus didicit a Ctesidemo.
Dans :Antiphilos et le Gryllos ; Calatès, Calliclès et les tableaux comiques(Lien)
(XXXV), p.114
Calliclès, lui aussi, exécuta de petits sujets, ainsi que Calatès, dans des tableaux comiques ; Antiphile travailla dans les deux genres : en effet il a peint une célèbre Hésioné, ainsi qu’Alexandre et Philippe en compagnie de Minerve, tableaux actuellement exposés dans la galerie qui se trouve sous le Portique d’Octavie ; sous le Portique de Philippe il y a son Liber Pater, son Alexandre enfant et son Hippolyte épouvanté à la vue du taureau lancé contre lui ; enfin sous le Portique de Pompée on voit son Cadmus avec Europe. C’est lui également qui a peint dans des œuvres plaisantes un personnage nommé Gryllus, à l’accoutrement ridicule, d’où l’appellation générique de grylles attribuée à ce genre de peinture. Il naquit en Egypte et eut pour maître Ctésidème.
(92)
Pinxit et Alexandrum Magnum fulmen tenentem in templo Ephesiae Dianae uiginti talentis auri. Digiti eminere uidentur et fulmen extra tabulam esse – legentes meminerint omnia ea quattuor coloribus facta –; manipretium eius tabulae in nummo aureo mensura accepit, non numero.
Dans :Apelle, Alexandre au foudre(Lien)
(97)
Inuenta eius et ceteris profuere in arte ; unum imitari nemo potuit, quod absoluta opera atramento inlinebat ita tenui, ut id ipsum, cum repercussum claritatis colorum omnium excitaret custodiretque a puluere et sordibus, ad manum intuenti demum appareret, sed et tum ratione magna ne claritas colorum aciem offenderet ueluti per lapidem specularem intuentibus, et e longinquo eadem res nimis floridis coloribus austeritatem occulte daret.
Dans :Apelle, atramentum(Lien)
(92)
Il a peint également, dans le temple de Diane à Éphèse, Alexandre le Grand tenant le foudre, œuvre qui valut vingt talents d’or : les doigts semblent en relief et le foudre sortir du tableau – le lecteur doit se souvenir que tous ces ouvrages furent exécutés avec quatre couleurs ; pour payer ce dernier tableau, on ne lui compta pas des pièces d’or, on en couvrit la surface.
(90)
Pinxit et Antigoni regis imaginem altero lumine orbam primus excogitata ratione uitia condendi; obliquam namque fecit, ut, quod deerat corpori, picturae deesse potius uideretur, tantumque eam partem e facie ostendit, quam totam poterat ostendere.
Dans :Apelle, le portrait d’Antigone(Lien)
, 90
Il peignit aussi un portrait du roi Antigone qui le représentait privé d’un de ses yeux et inventa un moyen original de ne pas montrer qu’il était borgne : car il le fit de trois quarts, de telle sorte que ce qui manquait réellement à l’original semblait plutôt manquer dans le tableau et qu’il ne montra du visage que le côté susceptible d’être montré en entier.
(97)
Ses inventions dans le domaine artistique ont aussi profité aux autres. Mais l’une d’elles n’a pu être imitée par personne : c’est celle qui consistait, une fois ses tableaux terminés, à y passer une couche d’atramentum si légère que, formant une surface réfléchissante, elle produisait une couleur blanche due à l’éclat lumineux, tout en constituant une protection contre la poussière et les saletés ; elle n’était visible que de tout près, mais même en ce cas, grâce à un savoir-faire accompli, elle empêchait que l’éclat des couleurs ne blessât la vue – comme si l’on regardait au travers d’une pierre spéculaire – ; et de loin le même procédé donnait, sans que l’on s’en aperçut, un ton plus sombre aux couleurs trop éclatantes.
(89)
Non fuerat ei gratia in comitatu Alexandri cum Ptolemaeo, quo regnante Alexandriam ui tempestatis expulsus, subornato fraude aemulorum plano regio inuitatus, ad cenam uenit indignantique Ptolemaeo et uocatores suos ostendenti, ut diceret, a quo eorum inuitatus esset, arrepto carbone extincto e foculo imaginem in pariete delineauit, adgnoscente uoltum plani rege inchoatum protinus.
Dans :Apelle au banquet de Ptolémée(Lien)
(89)
Parmi les gens de la suite d’Alexandre, il n’avait pas été en bons termes avec Ptolémée ; or, sous le règne de celui-ci, Apelle fut jeté dans Alexandrie par une violente tempête et certains de ses rivaux soudoyèrent malicieusement un bouffon du roi pour qu’il l’invitât : il vint au repas et, devant l’indignation de Ptolémée qui lui demandait, en lui montrant ses hérauts, lequel d’entre eux l’avait invité, il prit dans le foyer un charbon éteint et dessina sur le mur un portrait tel que le roi, dès la première ébauche, reconnut les traits du bouffon.
(95)
Est et equus eius, siue fuit, pictus in certamine, quo iudicium ad mutas quadripedes prouocavit ab hominibus. Namque ambitu praeualere aemulos sentiens singulorum picturas inductis equis ostendit: Apellis tantum equo adhinniuere. Idque et postea semper euenit, ut experimentum artis illud ostentaretur.
Dans :Apelle, le Cheval(Lien)
(96)
Peritiores artis praeferunt omnibus eius operibus eundem regem sedentem in equo et Dianam sacrificantium uirginum choro mixtam, quibus uicisse Homeri uersus uidetur id ipsum describentis.
Dans :Apelle, Diane(Lien)
(96)
Les connaisseurs en matière artistique mettent avant toutes ses œuvres un Portrait équestre du même roi[[5:Antigone.]] et sa Diane au milieu d’un cortège de jeunes filles offrant un sacrifice, tableau où il paraît avoir surpassé les vers d’Homère décrivant la même scène.
(85)
Fuit enim et comitas illi, propter quam gratior Alexandro Magno frequenter in officinam uentitanti – nam, ut diximus, ab alio se pingi uetuerat edicto –, sed in officina imperite multa disserenti silentium comiter suadebat, rideri eum dicens a pueris, qui colores tererent. Tantum erat auctoritati iuris in regem alioqui iracundum.
Dans :Apelle et Alexandre(Lien)
(86-87)
Quamquam Alexander honorem ei clarissimo perhibuit exemplo. Namque cum dilectam sibi e pallacis suis praecipue, nomine Pancaspen, nudam pingi ob admirationem formae ab Apelle iussisset eumque, dum paret, captum amore sensisset, dono dedit ei, magnus animo, maior imperio sui nec minor hoc facto quam uictoria aliqua. Quippe se uicit, nec torum tantum suum, sed etiam adfectum donauit artifici, ne dilectae quidem respectu motus, cum modo regis ea fuisset, modo pictoris esset. Sunt qui Venerem anadyomenen ab illo pictam expari putent.
Dans :Apelle et Campaspe(Lien)
(86-87)
Au reste Alexandre manifesta l’estime qu’il avait pour lui en une circonstance très remarquable. En effet il avait demandé à Apelle de peindre nue, par admiration pour sa beauté, sa maîtresse favorite qui s’appelait Pancaspé ; s’étant aperçu qu’en exécutant cet ordre Apelle en était tombé amoureux, il lui en fit cadeau: preuve de magnanimité, d\'un contrôle de soi plus grand encore, cet acte ne l\'illustra pas moins qu\'une quelconque victoire.Car ce fut une victoire sur lui-même et ce ne fut pas seulement une concubine, mais une femme chérie qu\'il donna à l\'artiste, sans même avoir d\'égards pour les sentiments de la favorite, qui passait des bras d\'un roi dans ceux d\'un peintre. Certains inclineraient à croire qu\'elle fournit le modèle pour la Vénus Anadyomène qu\'il exécuta.
(84-85)
Apelli fuit alioqui perpetua consuetudo numquam tam occupatum diem agendi, ut non lineam ducendo exerceret artem, quod ab eo in prouerbium venit. Idem perfecta opera proponebat in pergula transeuntibus atque, ipse post tabulam latens, uitia quae notarentur auscultabat, uulgum diligentiorem iudicem quam se praeferens; feruntque reprehensum a sutore, quod in crepidis una pauciores intus fecisset ansas, eodem postero die superbo emendatione pristinae admonitionis cauillante circa crus, indignatum prospexisse denuntiantem, ne supra crepidam sutor iudicaret, quod et ipsum in prouerbium abiit.
Dans :Apelle et le cordonnier(Lien)
(84-85)
C’était par ailleurs une habitude constante d’Apelle de ne jamais laisser une journée, si occupée qu’elle fût, sans pratiquer son art en traçant quelque trait, coutume qu’il fit passer en proverbe. C’est lui également qui exposait sur une loggia ses œuvres achevées à la vue des passants et qui, caché derrière le tableau, écoutait les critiques que l’on formulait, estimant que le public avait un jugement plus scrupuleux que le sien. On dit aussi qu’il fut repris par un cordonnier pour avoir fait, dans des sandales, une attache de moins qu’il ne fallait à la face intérieure ; le jour suivant, le même cordonnier, tout fier de voir que sa remarque de la veille avait amené la correction du défaut, cherchait chicane à propos de la jambe : alors Apelle, indigné, se montra, criant bien haut qu’un cordonnier n’avait pas à juger au-dessus de la sandale, mot qui passa également en proverbe.
(81-83)
Scitum inter Protogenen et eum quod accidit. Ille Rhodi uiuebat, quo cum Apelles adnauigasset, auidus cognoscendi opera eius fama tantum sibi cogniti, continuo officinam petiit. Aberat ipse, sed tabulam amplae magnitudinis in machina aptatam una custodiebat anus. Haec foris esse Protogenen respondit interrogauitque, a quo quaesitum diceret. “Ab hoc,” inquit Apelles adreptoque penicillo lineam ex colore duxit summae tenuitatis per tabulam. Et reuerso Protogeni quae gesta erant anus indicauit. Ferunt artificem protinus contemplatum subtilitatem dixisse Apellen uenisse, non cadere in alium tam absolutum opus; ipsumque alio colore tenuiorem lineam in ipsa illa duxisse abeuntemque praecepisse, si redisset ille, ostenderet adiceretque hunc esse quem quaereret. Atque ita euenit. Reuertit enim Apelles et uinci erubescens tertio colore lineas secuit nullum relinquens amplius subtilitati locum. At Protogenes uictum se confessus in portum deuolauit hospitem quaerens, placuitque sic eam tabulam posteris tradi omnium quidem, sed artificum praecipuo miraculo. Consumptam eam priore incendio Caesaris domus in Palatio audio, spectatam Rhodi ante, spatiose nihil aliud continentem quam lineas uisum effugientes, inter egregia multorum opera inani similem et eo ipso allicientem omnique opere nobiliorem.
Dans :Apelle et Protogène : le concours de la ligne(Lien)
(81-83)
Ce qui se passa entre Protogène et lui ne manque pas de sel. Le premier vivait à Rhodes, Apelle y débarqua, brûlant de prendre connaissance de son œuvre, dont seule lui était parvenue la renommée, et il gagna incontinent son atelier. Le maître était absent, mais un tableau de notables proportions placé sur un chevalet était surveillé par une vieille femme toute seule. À sa question, elle répondit que Protogène était sorti et demanda qui elle devrait lui annoncer comme visiteur. « Voici », dit Apelle, et, s’emparant d’un pinceau, il traça au travers du tableau une ligne de couleur d’un délié extrême. Au retour de Protogène la vieille lui révéla ce qui s’était passé. On rapporte qu’alors l’artiste, dès qu’il eut contemplé cette finesse, dit que le visiteur était Apelle et que personne d’autre n’était capable de rien faire d’aussi achevé ; puis il traça lui-même, avec une autre couleur, une ligne encore plus fine sur la première et repartit en prescrivant, au cas où l’autre reviendrait, de la lui montrer et d’ajouter que c’était là l’homme qu’il cherchait. C’est ce qui se produisit, car Apelle revint et, rougissant de se voir surpassé, il refendit les lignes avec une troisième couleur, ne laissant nulle place pour un trait plus fin. Protogène alors, reconnaissant sa défaite, descendit en hâte au port à la recherche de son hôte et il fut décidé de garder ce tableau pour la postérité comme un objet d’admiration, universel certes, mais tout particulièrement pour les artistes. J’apprends qu’il a brûlé lors du premier incendie du palais de César sur le Palatin ; nous avions pu le contempler auparavant : sur une grande surface il ne contenait que des lignes qui échappant presque et, semblant vide au milieu des chefs-d’œuvre de nombreux artistes, il attirait l’attention par là-même et était plus renommé que tous les autres ouvrages.
(79)
Verum omnes prius genitos futurosque postea superauit Apelles Cous olympiade centesima duodecima. Picturae plura solus prope quam ceteri omnes contulit, uoluminibus etiam editis, quae doctrinam eam continent. Praecipua eius in arte uenustas fuit, cum eadem aetate maximi pictores essent ; quorum opera cum admiraretur, omnibus conlaudatis deesse illam suam uenerem dicebat, quam Graeci χαριτα uocant; cetera omnia contigisse, sed hac sola sibi neminem parem.
Dans :Apelle supérieur par la grâce(Lien)
Mais celui qui ensuite surpassa tous les peintres précédents ou à venir fut Apelle de Cos, dans la 112e Olympiade. À lui seul il a presque davantage contribué que tous les autres au progrès de la peinture et a publié également des livres qui contiennent les principes de son art. Le point sur lequel cet art manifestait sa supériorité était la grâce, bien qu’il y eût à la même époque de très grands peintres; mais, tout en admirant leurs œuvres et en les comblant toutes d’éloges, il disait qu’il leur manquait ce fameux charme qui lui était propre et que les Grecs appellent Charis ; qu’ils avaient atteint à toutes les autres perfections, mais que, sur ce seul point, il n’avait pas d’égal.
(95)
Pinxit et quae pingi non possunt, tonitrua, fulgetra fulguraque; Bronten, Astrapen et Ceraunobolian appellant.
Dans :Apelle et l’irreprésentable(Lien)
il peignit aussi ce qui ne peut se peindre, le tonnerre, la foudre et les éclairs.
Il y a parmi ses ouvrages des figures de mourants.
(80)
Et aliam gloriam usurpauit, cum Protogenis opus inmensi laboris ac curae supra modum anxiae miraretur ; dixit enim omnia sibi cum illo paria esse aut illi meliora, sed uno se praestare, quod manum de tabula sciret tollere, memorabili praecepto nocere saepe nimiam diligentiam.
Dans :Apelle et la nimia diligentia(Lien)
(80)
Apelle revendiqua aussi un autre titre de gloire : alors qu’il admirait une œuvre de Protogène, d’un travail immense et d’un fini méticuleux à l’excès, il dit en effet que sur tous les autres points ils étaient égaux ou même que Protogène était supérieur, mais qu’il avait, lui, ce seul avantage de savoir ôter la main d’un tableau – précepte digne d’être noté, selon lequel un trop grand souci de précision est souvent nuisible.
(50)
Quattuor coloribus solis immortalia illa opera fecere – ex albis Melino, e silaciis Attico, ex rubris Sinopide Pontica, ex nigris atramento – Apelles, Aetion, Melanthius, Nicomachus, clarissimi pictores, cum tabulae eorum singulae oppidorum uenirent opibus. Nunc et purpuris in parietes migrantibus et India conferente fluminum suorum limum, draconum elephantorumque saniem nulla nobilis pictura est. Omnia ergo meliora tunc fuere, cum minor copia. Ita est, quoniam, ut supra diximus, rerum, non animi pretiis excubatur.
Dans :Apelle et la tétrachromie(Lien)
(92)
Pinxit et Alexandrum Magnum fulmen tenentem in templo Ephesiae Dianae uiginti talentis auri. Digiti eminere uidentur et fulmen extra tabulam esse – legentes meminerint omnia ea quattuor coloribus facta –; manipretium eius tabulae in nummo aureo mensura accepit, non numero.
Dans :Apelle et la tétrachromie(Lien)
(87)
Certains inclineraient à croire qu’elle fournit le modèle pour la Vénus anadyomène qu’il exécuta.
(91)
Venerem exeuntem e mari diuus Augustus dicauit in delubro patris Caesaris, quae anadyomene uocatur, uersibus Graecis tali opere, dum laudatur, uicto sed inlustrato. Cuius inferiorem partem corruptam qui reficeret non potuit reperiri, uerum ipsa iniuria cessit in gloriam artificis. Consenuit haec tabula carie, aliamque pro ea substituit Nero in principatu suo Dorothei manu.
Dans :Apelle, Vénus anadyomène
(Lien)
(91)
Sa Vénus sortant de la mer, que l’on appelle anadyomène, a été consacrée par le divin Auguste dans le sanctuaire de son père César : ce chef-d’œuvre fut surpassé par les poètes grecs dont il reçut les éloges, mais n’en fut pas moins ainsi rendu célèbre. Sa partie inférieure fut endommagée et on ne put trouver personne pour la restaurer, mais en fait cet accident même tourna à la gloire de l’artiste. La pourriture a provoqué avec le temps la destruction du tableau et Néron, pendant son principat, le remplaça par un autre, de la main de Dorotheus.
(92)
Apelles inchoauerat et aliam Venerem Coi, superaturus etiam illam suam priorem. Inuidit mors peracta parte, nec qui succederet operi ad praescripta liniamenta inuentus est.
Dans :Apelle, Vénus inachevée(Lien)
(92)
Apelle avait aussi commencé une autre Aphrodite de Cos qui devait l’emporter en renom sur sa première œuvre si connue ; la mort jalouse l’enleva quand il ne l’avait achevée qu’en partie et l’on ne put trouver personne qui se crût capable de compléter son œuvre conformément au dessin esquissé.
(98)
Aequalis eius fuit Aristides Thebanus. Is omnium primus animum pinxit et sensus hominis expressit, quae uocant Graeci ἤθη, item perturbationes, durior paulo in coloribus. Huius opera oppido capto ad matris morientis ex uolnere mammam adrepens infans, intellegiturque sentire mater et timere, ne emortuo lacte sanguinem lambat. Quam tabulam Alexander Magnus transtulerat Pellam in patriam suam.
Dans :Aristide de Thèbes : la mère mourante, le malade(Lien)
(98)
Apelle eut comme contemporain Aristide de Thèbes. Celui-ci fut le premier peintre psychologique ; il sut exprimer les sentiments humains, que les Grecs nomment êthê, ainsi que les passions ; son coloris est un peu dur. Comme œuvres de lui il y a : un nourrisson qui, lors de la prise d’une ville, lors de la prise d’une ville, rampe vers le sein de sa mère en train de mourir d’une blessure ; on voit que la mère s’en aperçoit et craint que, son lait étant tari, il ne suce son sang. Alexandre le Grand avait fait transporter ce tableau à Pella, sa patrie.
(100)
Pinxit et aegrum sine fine laudatum ; qua in arte tantum ualuit, ut Attalus Rex unam tabulam eius centum talentis emisse uidetur.
Dans :Aristide de Thèbes : la mère mourante, le malade(Lien)
Il a peint également un malade, sur lequel on n’a pas tari d’éloges ; il était si estimé au point de vue artistique que le roi Attale, à ce que l’on rapporte, donna cent talents pour un seul de ses tableaux.
(55)
Quid ? quod in confesso perinde est Bularchi pictoris tabulam, in qua erat Magnetum proelium, a Candaule, rege Lydiae Heraclidarum nouissimo, qui et Myrsilus uocitatus est, repensam auro ? Tanta iam dignatio picturae erat.
Dans :Bularcos vend ses tableaux leur poids d’or(Lien)
D’ailleurs, n’est-il pas également admis qu’un tableau, du peintre Bularchus, représentant un combat livré par les Magnètes, fut payé au poids de l’or par Candaule, roi de Lydie, dernier de la lignée des Héraclides, et que l’on appelait aussi Myrsilus ? Si grand était déjà le prix que l’on attachait à la peinture !
(151)
Fingere ex argilla similitudines Butades Sicyonius figulus primus inuenit Corinthi filiae opera, quae capta amore iuuenis, abeunte illo peregre, umbram ex facie eius ad lucernam in pariete lineis circumscripsit, quibus pater eius inpressa argilla typum fecit et cum ceteris fictilibus induratum igni proposuit, eumque seruatum in Nymphaeo, donec Mummius Corinthum euerterit, tradunt.
Dans :Dibutade et la jeune fille de Corinthe(Lien)
(151)
En utilisant lui aussi la terre, le potier Butadès de Sicyone découvrit le premier l’art de modeler des portraits en argile ; cela se passait à Corinthe et il dut son invention à sa fille, qui était amoureuse d’un jeune homme ; celui-ci partant pour l’étranger, elle entoura d’une ligne l’ombre de son visage projetée sur le mur par la lumière d’une lanterne ; son père appliqua l’argile sur l’esquisse, en fit un relief qu’il mit à durcir au feu avec le reste de ses poteries, après l’avoir fait sécher.
(113)
Contra Dionysius nihil aliud quam homines pinxit, ob id anthropographos cognominatus.
Dans :Dionysios anthropographe(Lien)
(113)
À l’inverse, Dionysius ne peignit que des figures humaines et reçut pour cela le surnom d’ « anthropographe ».
(147-148)
Pinxere et mulieres : Timarete, Miconis filia, Dianam, quae in tabula Ephesi est antiquissimae picturae ; Irene, Cratini pictoris filia et discipula, puellam, quae est Eleusine ; Calypso, senem et praestigiatorem Theodorum, Alcisthenen saltatorem ; Aristarete, Nearchi filia et discipula, Aesculapium. Iaia Cyzicena, perpetua uirgo, M. Varronis iuuenta Romae et penicillo pinxit et cestro in ebore imagines mulierum maxime et Neapoli anum in grandi tabula, suam quoque imaginem ad speculum. Nec ullius uelocior in pictura manus fuit, artis uero tantum ut multum manipretiis antecederet celeberrimos eadem aetate imaginum pictores Sopolim et Dionysium, quorum tabulae pinacothecas inplent. Pinxit et quaedam Olympias, de qua hoc solum memoratur, discipulum eius fuisse Autobulum.
Dans :Femmes peintres(Lien)
(147-148)
Il y eut aussi des femmes peintres : Timarété, fille de Micon, est l’auteur d’une Diane, tableau conservé à Éphèse, de style très archaïque ; Irène, fille et disciple du peintre Cratinus, a peint une Jeune fille, conservée à Éleusis ; Calypso a peint un Vieillard, Théodorus l’illusionniste, Alcisthénès le danseur ; Aristarété, fille et disciple de Néarchus, a peint un Esculape ; Iaia de Cyzique, qui resta toujours vierge, vécut à Rome quand M. Varron était jeune : elle peignit aussi bien au pinceau que sur ivoire à l’aide du cestre, et fit surtout des portraits de femmes ; à Naples il y a d’elle un grand tableau représentant une vieille ainsi qu’un Autoportrait au miroir. Personne n’eut la main plus rapide dans l’exécution, mais sa virtuosité fut telle que ses prix l’emportaient de loin sur ceux des plus célèbres portraitistes de son temps, Sopolis et Dionysius, dont les tableaux emplissent les galeries. Peignit également une certaine Olympias : la seule chose que l’on rapporte à son sujet est qu’elle eut Autobulus comme élève.
(116-117)
Non fraudanda et Studio diui Augusti aetate, qui primus instituit amoenissimam parietum picturam, uillas et porticus ac topiaria opera, lucos, nemora, colles, piscinas, euripos, amnes, litora, qualia quis optaret, uarias ibi obambulantium species aut nauigantium terraque uillas adeuntium asellis aut uehiculis, iam piscantes, aucupantes aut uenantes aut etiam uindemiantes. Sunt in eius exemplaribus nobiles palustri accessu uillae, succollatis sponsione mulieribus labantes, trepidis quae feruntur, plurimae praeterea tales argutiae facetissimi salis. Idem subdialibus maritimas urbes pingere instituit, blandissimo aspectu minimoque inpendio. Sed nulla gloria artificum est nisi qui tabulas pinxere. Eo uenerabilior antiquitatis prudentia apparet.
Dans :Ludius peintre de paysages et la rhopographia(Lien)
(116-117)
Il ne faut pas non plus priver de son dû Studius qui vécut à l’époque du divin Auguste : il fut le premier à imaginer une façon tout à fait charmante de peindre les parois, y figurant des maisons de campagne et des ports ainsi que des thèmes paysagistes, bosquets sacrés, bois, collines, étangs poissonneux, euripes, rivières, rivages, au gré de chacun, et y introduisit diverses effigies de personnages se promenant à pied ou en barque, se rendant, sur la terre ferme, à leur maison rustique à dos d’âne ou en voiture, voire en train de pêcher, d’attraper des oiseaux, de chasser ou même de vendanger. Bien connues parmi ses œuvres sont celles où l’on voit des hommes qui, près d’une demeure campagnarde à laquelle on accède à travers un marécage, ont pris des femmes sur leur dos avec engagement de les transporter et qui chancellent, à la grande frayeur de leur fardeau, ainsi que bien d’autres détails expressifs du même ordre où se révèle la finesse de son humour. Le même artiste a introduit l’usage de peindre, sur des parois à l’air libre, des représentations de cités en bord de mer d’aspect fort agréable, cela pour un prix de revient minime. Mais il n’est de gloire artistique que pour ceux qui ont peint des tableaux de chevalet. C’est ce qui rend, à l’évidence, d’autant plus respectable la sagesse de l’antiquité.
(142)
Nealces Venerem, ingeniosus et sollers, …ime siquidem, cum proelium nauale Persarum et Aegyptiorum pinxisset, quod in Nilo cuius est aqua maris similis factum uolebat intellegi, argumento declarauit quod arte non poterat : asellum enim bibentem in litore pinxit et crocodilum insidiantem ei.
Dans :Néalcès et le crocodile(Lien)
(142)
Néalcès peignit une Vénus : ce dernier était plein d’invention et d’habileté…, ainsi, peignant un Combat naval entre Perses et Égyptiens et voulant faire comprendre que ce combat se livrait sur le Nil, dont l’eau est semblable à celle de la mer, il représenta par un symbole ce qu’il ne pouvait rendre par son art : il peignit en effet un âne s’abreuvant sur le rivage et un crocodile le guettant.
(23)
Habuit et scaena ludis Claudii Pulchri magnam admirationem picturae, cum ad tegularum similitudinem corui decepti imagine aduolarent.
Dans :Les oiseaux picorent les tuiles du théâtre de Claudius Pulcher(Lien)
(23)
Il y eut également un décor de scène, aux jeux donnés par Claudius Pulcher, dont les peintures suscitèrent une grande admiration : de fait, les corbeaux, trompés par l’illusion, tentèrent de se poser sur des tuiles bien imitées.
(15-16)
De picturae initiis incerta nec instituti operis quaestio est. Aegyptii sex milibus annorum aput ipsos inuentam, priusquam in Graeciam transiret, adfirmant, uana praedicatione, ut palam est ; Graeci autem alii Sicyone, alii aput Corinthios repertam, omnes umbra hominis lineis circumducta, itaque primam talem, secundam singulis coloribus et monochromaton dictam, postquam operosior inuenta erat, duratque talis etiam nunc. Inuentam liniarem a Philocle Aegyptio uel Cleanthe Corinthio primi exercuere Aridices Corinthius et Telephanes Sicyonius, sine ullo etiamnum hi colore, iam tamen spargentes linias intus. Ideo et quos pinxere adscribere institutum. Primus inleuit eas colore testae, ut ferunt, tritae Ecphantus Corinthius.
Dans :Les origines de la peinture(Lien)
(15-16)
La question des origines de la peinture est obscure et ne rentre pas dans le plan de cet ouvrage. Les Égyptiens affirment que cet art fut inventé chez eux, six mille ans avant de passer en Grèce ; c’est là manifestement une vaine prétention. Parmi les Grecs les uns disent qu’il fut découvert à Sicyone, les autres à Corinthe, mais tous qu’on commença par cerner d’un trait le contour de l’ombre humaine. Ce fut la première méthode ; la seconde, employant des couleurs isolées, fut dite monochrome ; par la suite on y apporta des perfectionnements, mais elle dure encore aujourd’hui. L’invention du dessin au trait remonte à Philoclès l’Égyptien ou à Cléanthe de Corinthe ; mais les premiers à le pratiquer furent Aridicès de Corinthe et Téléphanès de Sicyone, sans se servir encore d’aucune couleur : ils se mirent toutefois à parsemer de traits la surface à l’intérieur des contours et prirent ainsi l’habitude d’écrire à côté de leur œuvre le nom des personnages qu’ils voulaient peindre.
(76-77)
Huius auctoritate effectum est Sicyone primum, deinde in tota Graecia, ut pueri ingenui omnia ante graphicen, hoc est picturam in buxo, docerentur recipereturque ars ea in primum gradum liberalium. Semper quidem honos ei fuit, ut ingenui eam exercerent, mox ut honesti, perpetuo interdicto ne seruitia docerentur. Ideo neque in hac neque in toreutice ullius, qui seruierit, opera celebrantur.
Dans :Pamphile et la peinture comme art libéral(Lien)
(76-77)
C’est grâce à son influence que, d’abord à Sicyone, puis dans la Grèce entière, il fut établi que les enfants de famille libre recevraient avant toute chose un enseignement d’art graphique (c’est-à-dire pictural) sur tablette de buis, et que cet art serait admis à servir de première étape dans l’acquisition d’une culture libérale. Le fait est que l’art eut toujours un prestige qui lui permit d’être pratiqué par des hommes libres et qu’il en eut, après quelque temps, assez pour l’être par des personnages de haut rang ; il fut en tout cas constamment interdit de l’enseigner aux esclaves. Aussi ne fait-on mention, ni en peinture ni en sculpture, d’aucun ouvrage célèbre de la main d’un esclave.
(67-68)
Confessione artificum in liniis extremis palmam adeptus. Haec est picturae summa subtilitas. Corpora enim pingere et media rerum est quidem magni operis, sed in quo multi gloriam tulerint ; extrema corporum facere et desinentis picturae modum includere rarum in successu artis inuenitur. Ambire enim se ipsa debet extremitas et sic desinere, ut promittat alia et post se ostendatque etiam quae occultat. Hanc ei gloriam concessere Antigonus et Xenocrates, qui de pictura scripsere, praedicantes quoque, non solum confitentes ; et alia multa graphidis uestigia exstant in tabulis ac membranis eius, ex quibus proficere dicuntur artifices. Minor tamen uidetur sibi comparatus in mediis corporibus exprimendis.
Dans :Parrhasios et les contours(Lien)
(67-68)
Les artistes s’accordent à lui attribuer la palme pour l’exécution des contours. C’est en peinture l’art le plus consommé. Car peindre des corps et la surface intérieure des objets est certes une entreprise ardue, mais beaucoup s’y sont illustrés ; au contraire, savoir rendre les contours des corps et enfermer dans une limite les plans fuyants de l’objet qu’on peint, cela se rencontre rarement exécuté avec succès par un artiste. De fait la ligne de contour doit s’envelopper elle-même et finir de façon à laisser deviner autre chose derrière elle et à montrer même ce qu’elle cache. Voilà le mérite particulier que lui ont reconnu Antigone et Xénocrate, qui ont écrit sur la peinture, – et ils vont jusqu’à le proclamer, sans se contenter de l’admettre ; il reste aussi par ailleurs beaucoup de croquis de sa main sur des tablettes et des feuilles de parchemin, dont on dit que les artistes font leur profit. Cependant il ne paraît pas égal à lui-même quand il s’agit de rendre la surface des corps.
(71)
Sunt et duae picturae eius nobilissimae, hoplites in certamine ita decurrens, ut sudare uideatur, alter arma deponens, ut anhelare sentiatur.
Dans :Parrhasios, les Hoplites(Lien)
Il y a encore deux peintures de lui[[5:Parrhasios.]] très célèbres, deux hoplites, l’un qui se précipite au combat avec tant de violence qu’il paraît tout en sueur, l’autre, déposant les armes, dont il semble qu’on entende le souffle haletant.
(71)
Fecundus artifex, sed quo nemo insolentius usus sit gloria artis, namque et cognomina usurpauit habrodiaetum se appellando aliisque uersibus principem artis et eam ab se consummatam, super omnia Apollinis se radice ortum et Herculem, qui est Lindi, talem a se pictum, qualem sese in quiete uidisset, et, cum magnis suffragiis superatus a Timanthe esset Sami in Aiace armorumque iudicio, herois nomine se moleste ferre dicebat, quod iterum ab indigno uictus esset.
Dans :Parrhasios : orgueil(Lien)
(71)
C’était un artiste fécond, mais nul ne fit plus insolent étalage de la gloire de son art. Il ne craignit pas de prendre le surnom d’ami du plaisir et, dans d’autres vers, de se dire le prince de la peinture portée par lui à la perfection. Bien plus, il se prétendait de la race d’Apollon et assurait qu’il avait peint Héraklès à Lindos tel qu’il l’avait souvent vu en songe. Aussi bien, quand à Samos, pour son Ajax au concours pour les armes, il fut déclaré inférieur à Timanthe par la grande majorité des suffrages, il aimait à répéter qu’il était affligé au nom du héros de ce qu’il eût été une seconde fois vaincu par un indigne.
(69)
Pinxit demon Atheniensium argumento quoque ingenioso. Ostendebat namque uarium iracundum iniustum inconstantem, eundem exorabilem clementem misericordem ; gloriosum…, excelsum humilem, ferocem fugacemque et omnia pariter.
Dans :Parrhasios, Le Peuple d’Athènes(Lien)
(69)
Parrhasios peignit le peuple athénien fluctuant, irascible, injuste, inconstant, et en même temps accessible aux prières, clément, miséricordieux, vantard […] hautain et humble, hardi et timide, et tout cela à la fois.
(126-127)
Pausias autem fecit et grandes tabulas, sicut spectatam in Pompei porticu boum immolationem. Eam primus inuenit picturam, quam postea imitati sunt multi, aequauit nemo. Ante omnia, cum longitudinem bouis ostendi uellet, aduersum eum pinxit, non trauersum, et abunde intellegitur amplitudo. Dein, cum omnes, quae uolunt eminentia uideri, candicanti faciant colore, quae condunt, nigro, hic totum bouem atri coloris fecit umbraeque corpus ex ipsa dedit, magna prorsus arte in aequo extantia ostendente et in confracto solida omnia.
Dans :Pausias, le Bœuf(Lien)
(126-127)
Mais Pausias fit aussi des tableaux de vastes dimensions, par exemple le Sacrifice des Bœufs, que l’on a pu voir au Portique de Pompée. Il inventa un procédé pictural que beaucoup imitèrent ensuite, sans pouvoir l’égaler. L’innovation principale est la suivante : voulant montrer la longueur du corps d’un bœuf, il le peignit de face, non de flanc ; or on en saisit parfaitement les dimensions. Ensuite, alors que tous les peintres représentent en une couleur tirant sur le blanc les parties qu’ils veulent faire ressortir, et en noir celles qu’ils veulent cacher, il fit, lui, le bœuf tout entier de couleur sombre et donna du relief à l’ombre grâce à l’ombre même, celle-ci faisant ressortir par un art vraiment remarquable, les formes sur une surface plane et donnant l’impression complète de massivité dans la multiplicité des plans du raccourci.
(125)
Amauit in iuuenta Glyceram municipem suam, inuentricem coronarum, certandoque imitatione eius ad numerosissimam florum uarietatem perduxit artem illam. Postremo pinxit et ipsam sedentem cum corona, quae e nobilissimis tabula est, appellata stephanoplocos, ab aliis stephanopolis, quoniam Glycera uenditando coronas sustentauerat paupertatem. Huius tabulae exemplar, quod apographon uocant, L. Luculus duobus talentis emit Dionysius Athenis.
Dans :Pausias et la bouquetière Glycère(Lien)
(125)
Dans sa jeunesse il fut amoureux de Glycère, une de ses compatriotes, qui inventa les guirlandes de fleurs ; il rivalisa avec elle et ainsi amena la technique de l’encaustique à pouvoir reproduire en peinture la variété de fleurs. Enfin il la peignit également en personne, assise, tenant une guirlande : c’est un tableau des plus célèbres, que l’on appelle Stéphanoplocos (Tresseuse de guirlandes) – d’autres disent Stéphanopolis (Vendeuse de guirlandes) –, parce que Glycère avait gagné sa vie misérable à vendre des guirlandes. Une copie de ce tableau – autrement dit un apographon – fut acheté pour deux talents par L. Lucullus. (Son auteur) est Dionysius (qui le peignit) à Athènes.
(123)
[[5:Pausias]] paruas pingebat tabellas maximeque pueros. Hoc aemuli interpretabantur facere eum, quoniam tarda picturae ratio esset illa. Quam ob rem daturus ei celeritatis famam absoluit uno die tabellam, quae uocata est hemeresios, puero picto.
Dans :Pausias, L’Hémérésios(Lien)
(123)
Pausias peignait de petits tableaux, surtout des enfants ; ses rivaux en donnaient pour raison que son procédé de peinture était trop lent. Aussi, afin de s’acquérir une réputation de célérité, il termina en un seul jour un tableau représentant un enfant qu’on appela hémérésios.
(112)
Namque subtexi par est minoris picturae celebres in penicillo, e quibus fuit Piraeicus arte paucis postferendus : proposito nescio an distinxerit se, quoniam humilia quidem secutus humilitatis tamen summam adeptus est gloriam. Tonstrinas sutrinasque pinxit et asellos et obsonia ac similia, ob haec cognominatus rhyparographos, in iis consummatae uoluptatis, quippe eae pluris ueniere quam maximae multorum. E diuerso Maeniana, inquit Varro, omnia operiebat Serapionis tabula sub Veteribus. His scaenas optime pinxit, sed hominem pingere non potuit. Contra Dionysius nihil aliud quam homines pinxit, ob id anthropographos cognominatus.
Dans :Piraicos et la rhyparographie(Lien)
(112)
Car il y a lieu d’insérer ici les artistes dont le pinceau s’est illustré dans des genres picturaux mineurs. Parmi eux il y a Piraeicus : bien qu’il fût inférieur à peu de peintres sur le plan de l’art, je ne sais si, par son choix délibéré, il ne s’est pas fait du tort, puisque tout en se bornant à des sujets bas, il n’en a pas moins atteint dans le genre le sommet de la gloire. Il a peint des boutiques de barbiers et de cordonniers, des ânes, des comestibles et d’autres sujets du même ordre – il fut pour cela surnommé le « rhyparographe » (peintre d’objets vils) –, car le prix de tels tableaux monta bien plus que les très grandes compositions de nombreux maîtres.
Il [[5:Lysippe]] se plaisait à dire que les anciens avaient représenté les hommes tels qu’ils étaient, et lui tels que l’idéal les montrait.
(104-105)
Propter hunc Ialysum, ne cremaret tabulam, Demetrius rex, cum ab ea parte sola posset Rhodum capere, non incendit, parcentemque picturae fugit occasio uictoriae. Erat tunc Protogenes in suburbano suo hortulo, hoc est Demetrii castris, neque interpellatus proeliis incohata opera intermisit omnino nisi accitus a rege, interrogatusque, qua fiducia extra muros ageret, respondit scire se cum Rhodiis illi bellum esse, non cum artibus. Disposuit rex in tutelam eius stationes, gaudens quod manus seruaret, quibus perpercerat, et, ne saepius auocaret, ultro ad eum uenit hostis relictisque uictoriae suae votis inter arma et murorum ictus spectauit artificem.
Dans :Protogène et Démétrios(Lien)
(104-105)
C’est à cause de cet Ialysus et pour éviter de brûler le tableau que le roi Démétrius ne fit pas mettre le feu à Rhodes, car il ne pouvait prendre la ville que du côté où se trouvait l’ouvrage et, pour avoir épargné une peinture, il laissa échapper la victoire. Protogène se trouvait alors dans son petit jardin aux abords de la cité, où précisément Démétrius avait son camp ; il ne se laissa pas distraire par les combats et n’interrompit nullement l’œuvre commencée, si ce n’est sur une convocation du roi qui lui demanda les raisons pour lesquelles il restait hors des murs avec tant d’assurance. Le peintre répondit que Démétrius, il le savait bien, faisait la guerre à Rhodes, mais non aux arts. Alors le roi, heureux de pouvoir protéger les mains qu’il avait épargnées, dit placer des gardes pour assurer sa protection et, pour ne pas le déranger trop souvent, il vint de lui-même, lui, son ennemi, visiter l’artiste, laissant de côté son aspiration à la victoire et, au milieu des combats, en plein siège, il se plut à contempler l’œuvre de l’artiste.
(102-104 (Reinach 491))
Palmam habet tabularum eius Ialysus, qui est Romae dicatus in templo Pacis. Cum pingeret eum, traditur madidis lupinis uixisse, quoniam sic simul et famem sustineret et sitim nec sensus nimia dulcedine obstrueret. Huic picturae quater colorem induxit contra subsidia iniuriae et uetustatis, ut decedente superiore inferior succederet. Est in ea canis mire factus, ut quem pariter et casus pinxerit. Non iudicabat se in eo exprimere spumam anhelantis, cum in reliqua parte omni, quod difficillimum erat, sibi ipse satisfecisset. Displicebat autem ars ipsa: nec minuit poterat et uidebatur nimia ac longius a ueritate discedere, spumaque pingi, non ex ore nasci. Anxio animi cruciatu, cum in pictura uerum esse, non uerisimile uellet, absterserat saepius mutaueratque penicillum, nullo modo sibi adprobans. Postremo iratus arti, quod intellegeretur, spongeam inpegit inuiso loco tabulae. Et illa reposuit ablatos colores qualiter cura optauerat, fecitque in pictura fortuna naturam. Hoc exemplo eius similis et Nealcen successus spumae equi similiter spongea inpacta secutus dicitur, cum pingeret poppyzonta retinentem eum. Ita Protogenes monstrauit et fortunam.
Dans :Protogène, L’Ialysos (la bave du chien faite par hasard)(Lien)
(102-104)
Parmi ses tableaux, la palme revient à l’Ialysus, qui est à Rome, consacré dans le Temple de la Paix. Quand il y travaillait, on raconte qu’il vécut de lupins bouillis, aliment qui lui permettait en même temps de satisfaire sa faim et sa soif et de ne pas émousser sa sensibilité par un régime trop agréable. Pour cette peinture il utilisa quatre couches de couleur afin qu’elle résistât aux menaces des dégradations et de la vétusté, de telle sorte que, si la couche supérieure disparaissait, celle de dessous la remplaçât. Il y a dans ce tableau un chien dont l’exécution est objet de curiosité, car cette effigie doit aussi au hasard, et pour une part égale, sa réalisation. L’artiste trouvait que, chez ce chien, il n’arrivait pas à rendre l’écume de l’animal haletant, alors que tous les autres détails le satisfaisaient, ce qui était fort difficile. En fait, ce qui lui déplaisait, c’était l’habileté technique elle-même : il ne pouvait en atténuer l’effet, bien qu’elle lui semblât excessive et trop éloignée de la vérité : l’écume avait l’air d’être peinte et non naturellement issue de la gueule. L’esprit inquiet et tourmenté, voulant obtenir dans sa peinture le vrai et non le vraisemblable, il avait bien souvent effacé, avait changé de pinceau, sans arriver en aucune manière à se contenter. Finalement, il se mit en colère contre cet art trop perceptible et lança son éponge contre la partie du tableau qui ne lui plaisait pas. Or l’éponge remplaça les couleurs effacées de la façon qu’il avait souhaitée dans son souci de bien faire. C’est ainsi que, dans cette peinture, la chance produisit l’effet de la nature. On dit qu’à son exemple Néalcès obtint un succès semblable pour rendre l’écume d’un cheval : il lança son éponge sur le tableau de la même manière, alors qu’il peignait un homme retenant l’animal en claquant de la langue. Ainsi Protogène montra-t-il jusqu’aux effets de la chance.
(101)
Simul, ut dictum est, et Protogenes floruit. Patris ei Caunus, gentis Rhodis subiectae. Summa paupertas initio artisque summa intentio et ideo minor fertilitas. Quis eum docuerit, non putant constare ; quidam et naues pinxisse usque ad quinquagensimum annum ; argumentum esse, quod cum Athenis celeberrimo loco Mineruae delubri propylon pingeret, ubi fecit nobilem Paralum et Hammoniada, quam quidam Nausicaan uocant, adiecerit paruolas naues longas in iis, quae pictores paregia appellant, ut appareret, a quibus initiis ad arcem ostentationis opera sua peruenissent.
Dans :Protogène, Satyre et parergia(Lien)
Dans le même temps, comme on l’a dit, florissait aussi Protogène. Il était de Caunus et appartenait à une communauté soumise à Rhodes. Au début il était très pauvre et s’appliquait au plus haut point à son art : aussi sa production était-elle restreinte. Le nom de son maître ne peut être établi avec certitude ; certains prétendent que jusqu’à cinquante ans il peignit des navires : la preuve en serait que, lorsqu’il décorait à Athènes, en un emplacement très fameux, les propylées du sanctuaire de Minerve, où il a représenté en une peinture célèbre Paralus et Hammonias – appelée par quelques-uns Nausicaa – il y ajouta de petits vaisseaux de guerre dans les parties que les peintres appellent accessoires (parergia), pour bien montrer d’où son œuvre était partie pour en arriver à ce sommet où elle s’offrait glorieusement aux regards.
(105)
Sequiturque tabulam illius temporis haec fama, quod eam Protogenes sub gladio pinxerit : Satyrus hic est, quem anapauomenon uocant, ne quid desit temporis eius securitati, tenentem tibias.
Dans :Protogène, Satyre et parergia(Lien)
Et encore aujourd’hui on dit du tableau que Protogène peignit à cette occasion qu’il l’exécuta « sous le glaive » : il s’agit du Satyre, appelé l’Anapauomène (au repos) : pour marquer qu’aucun élément ne fait défaut, il tient une double flûte.
(145)
Illud uero perquam rarum ac memoria dignum est, suprema opera artificum inperfectasque tabulas, sicut Irim Aristidis, Tyndaridas Nicomachi, Mediam Timomachi et quam diximus Venerem Apellis, in maiore admiratione esse quam perfecta, quippe in iis liniamenta reliqua ipsaeque cogitationes artificum spectantur, atque in lenocinio commendationis dolor est manus, cum id ageret, exstinctae.
Dans :Tableaux inachevés(Lien)
(145)
Mais ce qui est vraiment rare et digne d’être retenu, c’est de voir les œuvres ultimes de certains artistes et leurs tableaux inachevés, comme l’Iris d’Aristide, les Tyndarides de Nicomaque, la Médée de Timomaque et la Vénus d’Apelle plus haut mentionnée, être l’objet d’une admiration plus grande que des ouvrages terminés, car en eux l’on peut observer les traces de l’esquisse et la conception même de l’artiste, et le regret que la main de celui-ci ait été arrêtée en plein travail contribue à lui attirer la faveur du public.
(73-74)
Nam Timanthi uel plurimum adfuit ingenii. Eius enim est Iphigenia oratorum laudibus celebrata, qua stante ad aras peritura cum maestos pinxisset omnes praecipueque patruum, et tristitiæ omnem imaginem consumpsisset, patris ipsius uoltum uelauit quem digne non poterat ostendere. Sunt et alia ingenii eius exempla, ueluti Cyclops dormiens in paruola tabella, cuius et sic magnitudinem exprimere cupiens pinxit iuxta Satyros thyrso pollicem eius metientes. Atque in unius huius operibus intelligitur plus semper quam pingitur et, cum sit ars summa, ingenium tamen ultra artem est.
Dans :Timanthe, Le Sacrifice d’Iphigénie et Le Cyclope (Lien)
(73-74)
Pour en revenir à Timanthe, sa qualité principale fut sans doute l’ingéniosité : en effet on a de lui une Iphigénie, portée aux nues par les orateurs, qu’il peignit debout, attendant la mort, près de l’autel ; puis, après avoir représenté toute l’assistance affligée – particulièrement son oncle –, et épuisé tous les modes d’expression de la douleur, il voila le visage du père lui-même, dont il était incapable de rendre convenablement les traits. Il y a aussi d’autres exemples de son ingéniosité : ainsi un tout petit tableau représentant un Cyclope endormi, où, désirant malgré tout donner l’idée de sa grandeur, il peignit, à côté, des Satyres qui, à l’aide d’un thyrse, lui mesurent le pouce. De fait, c’est le seul artiste dans les œuvres de qui il y a plus à comprendre que ce qui est effectivement peint et, bien que son art soit extrême, son ingéniosité va cependant au-delà.
(136)
Timomachus Byzantius Caesaris dictatoris aetate Aiacem et Mediam pinxit, ab eo in Veneris Genetricis aede positas, LXXX talentis uenundatas.
Dans :Timomaque, Ajax et Médée(Lien)
(136)
Timomaque de Byzance, à l’époque de la dictature de César, peignit un Ajax et une Médée, tableaux que le dictateur plaça dans le temple de Vénus Génétrix, après les avoir acheté 80 talents.
(63)
Fecit et Penelopen, in qua pinxisse mores uidetur, et athletam adeoque in illo sibi placuit, ut uersum subscriberet celebrem ex eo, inuisurum aliquem facilius quam imitaturum.
Dans :Zeuxis, l’Athlète(Lien)
(63)
Il fit aussi une Pénélope, peinture où il paraît en fait avoir représenté un type de caractère, et un athlète : il fut tellement content de ce dernier qu’il écrivit au-dessous ce vers – et la formule devint célèbre de ce fait – « qu’on en médirait plus facilement qu’on ne l’imiterait ».
(65-66)
Descendisse hic in certamen cum Zeuxide traditur et, cum ille detulisset uuas pictas tanto successu, ut in scaenam aues aduolarent, ipse detulisse linteum pictum ita ueritate repraesentata, ut Zeuxis alitum iudicio tumens flagitaret tandem remoto linteo ostendi picturam atque intellecto errore concederet palmam ingenuo pudore, quoniam ipse uolucres fefellisset, Parrhasius autem se artificem. Fertur et postea Zeuxis pinxisse puerum uuas ferentem, ad quas cum aduolassent aues, eadem ingenuitate processit iratus operi et dixit: « uuas melius pinxi quam puerum, nam si et hoc consummassem, aues timere debuerant. »
Dans :Zeuxis et Parrhasios : les raisins et le rideau(Lien)
Parrhasius entra en compétition avec Zeuxis : celui-ci avait présenté des raisins si heureusement reproduits que les oiseaux vinrent voleter auprès d’eux sur la scène ; mais l’autre présenta un rideau peint avec une telle perfection que Zeuxis, tout gonflé d’orgueil à cause du jugement des oiseaux, demanda qu’on se décidât à enlever le rideau pour montrer la peinture, puis, ayant compris son erreur, il céda la palme à son rival avec une modestie pleine de franchise, car, s’il avait personnellement, disait-il, trompé les oiseaux, Parrhasius l’avait trompé, lui, un artiste. On rapporte que Zeuxis peignit également, plus tard, un enfant portant des raisins : des oiseaux étant venus voleter auprès de ces derniers, en colère contre son œuvre, il s’avança et dit, avec la même franchise : « J’ai mieux peint les raisins que l’enfant, car, si je l’avais aussi parfaitement réussi, les oiseaux auraient dû avoir peur ».
(64)
Alioqui tantus diligentia, ut Agragantinis facturus tabulam, quam in templo Iunonis Laciniae publice dicarent, inspexerit uirgines eorum nudas et quinque elegerit, ut quod in quaque laudatissimum esset pictura redderet.
Dans :Zeuxis, Hélène et les cinq vierges de Crotone(Lien)
(64)
Son souci de la précision était si fort que, devant exécuter pour les Agrigentins un tableau destiné à être dédié aux frais de l’État dans le temple de Junon Lacinienne, il passa en revue les jeunes filles de la cité, nues et en choisit cinq, afin de reproduire dans sa peinture ce qu’il y avait de plus louable en chacune d’elles.
(62)
Opes quoque tantas adquisiuit, ut in ostentatione earum Olympiae aureis litteris in palliorum tesseris intextum nomen suum ostentaret. Postea donare opera sua instituit, quod nullo pretio satis digno permutari posse diceret, sicuti Alcmenam Agragantinis, Pana Archelao. In eum Apollodorus supra scriptus uersum fecit, artem ipsis ablatam Zeuxim ferre secum.
Dans :Zeuxis et la richesse(Lien)
(62)
Il amassa également de si grandes richesses que, pour en faire parade, il s’exhiba à Olympie avec son nom brodé en lettres d’or sur des écussons appliqués à ses manteaux. Puis il se mit à faire don de ses œuvres, sous prétexte qu’on ne pouvait les acheter à aucun prix correspondant à leur valeur : c’est ainsi qu’il offrit son Alcmène aux Agrigentins et son Pan à Achélaus.
(132)
Hanc uendere Attalo regi noluit [[5:Nicias.]] talentis LX potiusque patriae suae donauit abundans opibus.
Dans :Zeuxis et la richesse(Lien)
Le peintre Nicias refusa de vendre ce dernier tableau au roi Attale pour la somme de 60 talents ; il préféra – car il était riche, – en faire cadeau à sa patrie.
(50)
C\'est en utilisant uniquement quatre couleurs qu\'Apelle, Aétion, Mélanthius et Nicomaque, peintres célèbres entre tous, ont exécuté les immortels chefs-d\'oeuvre que l\'on sait: pour les blancs, le melinum; pour les ocres, le sil attique; pour les rouges, la sinopis du Pont; pour les noirs, l\'atramentum; et pourtant chacun de leurs tableaux se vendait au prix des trésors de cités entières. Mais maintenant que les pourpres font leur apparition sur les parois et que l\'Inde nous apporte le limon de ses fleuves, la sanie de ses reptiles et de ses éléphants, il n\'est plus de renommée dans le domaine pictural.